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Des éclats de verre aux œuvres d'art amérindiens

Les perles de verre sont arrivées en Amérique avec les premiers navigateurs européens à la fin du XVe siècle.

Christophe Colomb en fit don aux populations autochtones rencontrées lors de son premier voyage en 1492, notant dans son journal de bord l’étonnement et la joie qu’elles suscitaient :

"[...] j’ai donné à quelques-uns d’entre eux quelques bonnets rouges et quelques perles de verre qu’ils se sont mises au cou, et beaucoup d’autres choses de peu de valeur dont ils eurent grand plaisir ; et ils en devinrent si nôtres que c’était merveille. Ensuite, ceux-là venaient, nageant, aux chaloupes des navires dans lesquelles nous étions, et ils nous apportaient des perroquets, du fil de coton en pelotes, des sagaies et beaucoup d’autres choses qu’ils échangeaient contre d’autres que nous leur donnions, telles que de petites perles de verre et grelots." (Journal de bord de Christophe Collomb, 1492)

Si, pour les colons européens, ces petites perles de verre colorées n’étaient que des "babioles", elles furent rapidement adoptées par les peuples natifs et intégrées à leurs pratiques esthétiques et rituelles.

Dans les Guyanes, leur commerce est concomitante aux premiers contacts avec les colons. Des réseaux d'échanges se construisent entre les Caribes, Arawak et Noirs-marrons, facilitant leur diffusion dans les zones reculées des territoires.

Dès le XVIIe siècle, les peuples caribe et arawak tissèrent avec elles principalement des pagnes, tandis qu’ailleurs elles servaient déjà à confectionner colliers, parures ou à orner des statues rituelles. Bien plus que de simples bijoux, elles sont devenues des objets relationnels : elles matérialisaient des échanges entre des mondes différents et portent une charge symbolique importante. Dans certaines sociétés amazoniennes, elles sont associées à la lumière et à la force vitale.

Ainsi, l'histoire des perles de verre illustre un paradoxe colonial : ce que les colons européens considéraient comme de vulgaires objets devint, par la créativité des natifs, une matière précieuse pour façonner de véritables œuvres d’art.

A la fois intime et étranger, ces perles de verre permettent de nourrir une esthétique vivante qui ne cesse de se renouveler à travers les bijoux.


Pour aller plus loin :

  • The History of Beads from 30.000 B.C. To the Present - Lois Sherr Dublin
  • Els Lagrou
  • Loan Oei

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